Le Malawi soutient l’agriculture à petite échelle et promeut la sécurité alimentaire en utilisant les données climatiques dans DHIS2

L’économie du Malawi repose en grande partie sur l’agriculture, qui représente environ 30 % du PIB du pays et jusqu’à 80 % de ses exportations. Ainsi, la plupart des ménages du pays s’engagent dans une forme ou une autre d’activité agricole, tant pour la subsistance que pour le commerce. Cela se reflète dans la politique agricole nationale qui stipule que « l’agriculture reste le pilier de l’économie du Malawi, contribuant de manière significative à l’emploi, à la croissance économique, aux recettes d’exportation, à la réduction de la pauvreté, à la sécurité alimentaire et à la nutrition ». Le pays a donc entrepris d’optimiser les intrants, les processus et la production agricoles en exploitant des données provenant de sources multiples afin de fournir des services de vulgarisation agricole, des lignes directrices et des informations essentielles aux agriculteurs, ainsi que des données de planification aux décideurs politiques et aux gestionnaires à l’échelle nationale. Cette initiative vise à améliorer la sécurité alimentaire et la productivité agricole grâce à des pratiques durables fondées sur des données. Pour atteindre cet objectif, le ministère de l’agriculture a mis-en-œvre un système national d’information sur la gestion agricole (NAMIS) en utilisant la plateforme DHIS2.

Le NAMIS a été développé avec le soutien d’une équipe de l’Université du Malawi et s’appuie sur la vaste expérience acquise par le pays grâce à l’utilisation, pendant plus de dix ans, du DHIS2 en tant que système national d’information sur la gestion de la santé (SGIS) couvrant de nombreux programmes sanitaires. Le système NAMIS a également été étendu pour compléter les fonctionnalités intégrées du DHIS2 en utilisant des applications paramétrées qui fournissent des rapports paramétrés à des fins de suivi et d’évaluation et aident le gouvernement du Malawi à fournir aux agriculteurs des alertes précoces sur les événements météorologiques. Grâce au NAMIS, des évaluations de la situation alimentaire pour les ménages individuels sont régulièrement effectuées et évaluées en même temps que les estimations de la production projetée d’aliments de base afin de faciliter une planification efficace de la sécurité alimentaire dans le pays. Les données générées par le système ont également été utilisées pour orienter l’allocation des ressources, améliorer les capacités des petites et moyennes exploitations agricoles et promouvoir l’intégration des marchés locaux pour les agriculteurs.

Alerte précoce, planification et orientation de l’action grâce à la collecte de données et à l’analyse multi-flux à l’aide du DHIS2

Le NAMIS reçoit des données climatiques et météorologiques d’un réseau national de stations météorologiques gérées par le ministère de l’agriculture. Périodiquement, les agents de développement de la vulgarisation agricole (AEDO) collectent les relevés des stations météorologiques et saisissent les données dans le NAMIS à l’aide de tablettes spécialement configurées et exécutant un outil de collecte de données pluviométriques personnalisé. Les mêmes données sont également partagées avec le département du changement climatique et des services météorologiques (DCCMS) au sein du ministère des ressources naturelles et du changement climatique au moyen de registres manuels soumis mensuellement. Le DCCMS s’appuie sur ces relevés, sur les données d’autres stations météorologiques du pays et sur des données satellitaires pour collecter et analyser des statistiques sur les précipitations, la température, l’humidité et la dynamique des vents. Les données sont utilisées pour établir des projections et des prévisions, qui sont partagées sous forme de rapports pour des périodes spécifiques, comme les prévisions météorologiques à 5 jours, hebdomadaires et saisonnières. Les données qui sous-tendent ces rapports sont partagées avec le ministère de l’agriculture, où elles sont ensuite importées dans le NAMIS et utilisées pour fournir des alertes précoces en cas d’événements météorologiques tels que des inondations ou des sécheresses. Les alertes sont envoyées aux agriculteurs pour qu’ils prennent les mesures nécessaires, comme la planification de l’irrigation, afin de protéger leurs cultures et de maintenir les niveaux de productivité. Les données aident également le gouvernement à planifier des interventions spéciales de sécurité, telles que des évacuations ou des irrigations à grande échelle, qui dépassent les capacités des ménages individuels.

Le Malawi est l’un des pays d’Afrique les plus sensibles au changement climatique, et l’agriculture y est souvent affectée par des facteurs de stress liés au climat, tels que les sécheresses, les inondations, les précipitations irrégulières et les périodes de sécheresse. Entre 2018 et 2019, le Malawi a subi des périodes de sécheresse paralysantes et des inondations dévastatrices dans différentes régions du pays, entraînant une baisse de 15 % de la production alimentaire. Ces événements climatiques, en plus d’autres facteurs socio-économiques, sont importants pour la planification de la sécurité alimentaire au Malawi, d’où la nécessité de disposer de systèmes d’aide à la décision s’appuyant sur des données fiables. Le ministère de l’agriculture a mis au point le système national d’information sur la gestion de l’agriculture (NAMIS) afin de fournir une base pour la prise de décision fondée sur des données. Parmi les capacités les plus importantes du NAMIS figurent l’alerte précoce sur les événements météorologiques et climatiques pertinents et l’évaluation des situations de sécurité alimentaire, tant pour les ménages individuels que pour le pays en général. Le dispositif d’alerte précoce à trois niveaux comprend les éléments suivants :

1. Événements météorologiques et climatiques
2. Évaluation de la situation alimentaire des ménages
3. Estimations de la production agricole

Le registre est régulièrement mis à jour lors de l’évaluation rapide de l’alimentation des ménages qui a lieu toutes les deux semaines. Il s’agit d’une enquête communautaire menée par les AEDO pour recueillir des informations sur les aliments de base détenus par chaque ménage visité afin d’estimer l’état de la sécurité alimentaire du ménage pour les quinze jours à venir. Par conséquent, les AEDO classent les ménages sur la base des paramètres de sécurité alimentaire établis et leur fournissent les conseils nécessaires sur la marche à suivre idéale. L’agrégation de ces indicateurs recueillis dans l’ensemble du pays permet au ministère de l’agriculture d’estimer la situation de la sécurité alimentaire nationale. Ces données, combinées aux données climatiques, aux informations sur le stockage des aliments de l’Agence nationale des réserves alimentaires et aux estimations de la production alimentaire, aident le ministère de l’agriculture à planifier une meilleure résistance aux catastrophes et une meilleure préparation, renforçant ainsi la sécurité alimentaire dans le pays.

Enfin, la composante d’alerte précoce du NAMIS facilite également l’estimation de la production agricole en utilisant des données pertinentes telles que le nombre d’agriculteurs bénéficiant de nombreux programmes de soutien à l’agriculture lancés par le gouvernement ou les ONG. Ces programmes comprennent des subventions pour les engrais, des services de vulgarisation agricole, des initiatives de renforcement des connaissances et des capacités, ainsi que des programmes de distribution de semences améliorées résistantes à la sécheresse. Combiné aux données sur les types de cultures, la taille des exploitations, entre autres, générées par les enquêtes d’estimation, le ministère de l’agriculture utilise le NAMIS pour estimer la production agricole et guider la planification et l’action aux niveaux national et infranational.

Affectation ciblée des ressources au niveau communautaire et développement des capacités sur la base de systèmes de décision fondés sur des données et soutenus par le NAMIS.

Une caractéristique importante du DHIS2 est sa capacité à produire des rapports détaillés jusqu’à l’unité organisationnelle la plus basse du système. Dans le cadre du NAMIS, cela signifie que les données collectées dans le système à l’aide du registre des agriculteurs de Tracker sont suffisamment granulaires pour aider le gouvernement à planifier des interventions aux niveaux national, régional et des ménages afin d’améliorer la sécurité alimentaire et les moyens de subsistance durables. Par exemple, plus de la moitié des zones irriguées du Malawi sont utilisées par de petits agriculteurs dont les moyens de subsistance ont été gravement affectés par les inondations de 2019 qui ont endommagé les infrastructures d’irrigation. En outre, plus de 4 000 hectares de terres arables ont été perdus à cause de l’érosion et des dépôts de sable liés à l’inondation. D’autres infrastructures agricoles connexes, telles que les canaux, les pompes d’irrigation et les routes d’accès, ont également subi des dommages importants. Grâce au DHIS2, le ministère de l’agriculture peut mesurer l’impact de cette perturbation à grande échelle de l’agriculture sur la sécurité alimentaire, de l’échelle nationale jusqu’au niveau de l’exploitation individuelle.

Pour favoriser l’adoption des meilleures pratiques agricoles dans les communautés, les AEDO identifient et suivent des agriculteurs modèles, connus localement sous le nom de « lead farmers », au sein de chaque communauté. Les agriculteurs chefs de file sont des agriculteurs individuels élus au sein des communautés qui aident volontairement le ministère de l’agriculture à fournir jusqu’à trois meilleures pratiques ou technologies agricoles à d’autres agriculteurs afin d’augmenter les rendements et la qualité des récoltes. Les agriculteurs chefs de file reçoivent une formation approfondie sur les pratiques spécifiques promues par les acteurs concernés afin de stimuler la productivité et d’améliorer l’efficacité. Cette pratique renforce la vulgarisation agricole, les services de soutien et la recherche, y compris les essais de cultures améliorées et l’adoption de nouvelles technologies. Bien que cette pratique soit antérieure au NAMIS, l’adoption de Tracker pour le suivi de l’initiative a aidé le ministère de l’Agriculture à augmenter le nombre d’agriculteurs chefs de file, ce qui a permis de décentraliser davantage l’accès aux services de vulgarisation agricole et de promouvoir les bonnes pratiques auprès d’un plus grand nombre de communautés.

L’extension de la plateforme NAMIS DHIS2 à l’aide d’applications paramétrées pour l’établissement de rapports et la planification spécifiques.

Grâce à l’utillisation de DHIS2, le NAMIS peut générer de nombreux rapports et visualisations prédéfinis et ad hoc qui renforcent le suivi et l’évaluation de divers programmes du ministère de l’Agriculture en simplifiant et en décentralisant la collecte de données et l’établissement de rapports. Toutefois, certains rapports paramétrés ne sont pas faciles à mettre en œuvre à l’aide des outils intégrés du DHIS2, tels que l’évaluation alimentaire des ménages et les rapports d’estimation de la production agricole, principalement parce qu’ils sont calculés à partir d’un échantillon des populations de l’ensemble de données. Actuellement, plus de 150 000 ménages sont enregistrés dans le NAMIS. Pour déterminer l’état de la sécurité alimentaire nationale des ménages au Malawi, une application paramétrage développée et intégrée à la plateforme DHIS2 extrait les données pertinentes d’un échantillon de la population des ménages sur la base d’un ensemble de critères. L’échantillon est ensuite analysé pour déterminer l’indicateur souhaité. De même, les estimations de la production agricole pour le pays ou des districts spécifiques sont déterminées en échantillonnant la population d’agriculteurs pour l’analyse.

En outre, le NAMIS est utilisé pour réaliser un grand nombre d’enquêtes dans le cadre de différents programmes de planification du développement. Pour certains de ces programmes, les rapports doivent être établis à partir de données de recensement, tandis que pour d’autres, ils doivent être établis à partir de données d’échantillonnage. Pour accélérer le processus d’inscription des ménages individuels à ces programmes, une application paramétrée a été développée. Certains rapports exigés par le ministère de la santé sont présentés dans des formats qui ne sont pas facilement paramétrés dans le NAMIS, ce qui nécessite l’extension du système à l’aide d’applications personnalisées supplémentaires.

Le système NAMIS fournit au ministère de l’agriculture du Malawi un système d’information de gestion complet pour l’agriculture. Le système aide le ministère à collecter un large éventail de données sur le climat, la météo, les agriculteurs et leurs pratiques dans un référentiel central où elles sont analysées et communiquées à des fins d’alerte précoce, de planification et d’aide à la décision. Le NAMIS comprend également un volet d’information sur les marchés, destiné à promouvoir l’intégration des marchés locaux pour les agriculteurs, et un outil de gestion des informations sur le bétail. D’autres améliorations prévues pour le NAMIS comprennent l’intégration avec la plateforme nationale One Health du Malawi afin d’harmoniser les données du SGIS, de la santé animale et de l’agriculture dans un système de santé national unique basé sur DHIS2.

Regardez une présentation sur le système national d’information sur la gestion de l’agriculture du Malawi lors de la conférence annuelle DHIS2 de 2022 :