DHIS2 pour One Health

On estime que 60 % des maladies infectieuses émergentes proviennent des animaux, qu’ils soient domestiques ou sauvages(OMS, 2023). Le risque élevé de propagation des zoonoses aux populations humaines exige une collaboration, une communication et une coordination étroites entre les secteurs de la santé animale et de la santé publique.

La boîte à outils DHIS2 Santé animale est conçue pour être mise-en-œvre par les ministères de l’agriculture et de l’élevage afin d’améliorer la surveillance systématique des populations animales, grâce au soutien catalytique du Center for Global Health des CDC. Le programme Tracker du DHIS2 pour les rapports sur la santé animale est aligné sur les métadonnées recommandées par la FAO pour l’alerte précoce. Le système peut fonctionner comme une plateforme de surveillance indépendante pour les ministères de l’élevage et les acteurs travaillant dans le domaine de la santé vétérinaire et animale ; ou il peut être intégré dans une plateforme DHIS2 avec les données de surveillance de la santé publique. Le DHIS2 étant déjà utilisé comme plateforme de surveillance nationale par les ministères de la santé de plus de 45 pays, la nouvelle boîte à outils pour la santé animale permet d’accélérer les progrès dans de nouveaux secteurs en tirant parti de l’infrastructure nationale existante et de la capacité du DHIS2.

Découvrez la boîte à outils

Explorez notre carte interactive pour voir où les pays utilisent le DHIS2 pour la surveillance de la santé animale.

En tant que plateforme générique, le DHIS2 est largement utilisé pour soutenir le partage d’informations et la collaboration intersectorielle. Le Centre HISP travaille en partenariat avec les agences quadripartites de One Health, à savoir l’OMS, la FAO et l’OMAH, afin de développer des outils innovants qui améliorent la détection précoce des menaces sanitaires et le partage d’informations entre les partenaires de One Health dans les pays et à l’échelle mondiale.

Surveillance communautaire pour la détection précoce

Les pays d’Afrique adoptent l’approche « Une seule santé » en intégrant la surveillance des événements au niveau communautaire. Cette approche brise les cloisonnements traditionnels et permet aux travailleurs communautaires de signaler les menaces sanitaires éventuelles et les événements inhabituels dans le DHIS2 afin que les ministères de la santé et de l’élevage reçoivent des informations en temps utile. À l’aide de l’application mobile Android DHIS2 et des passerelles SMS, les membres de la communauté peuvent signaler en temps réel les rumeurs, les groupes d’animaux morts, les facteurs environnementaux et d’autres événements inhabituels. En intégrant de manière transparente les données d’origine communautaire en temps réel dans le DHIS2, les autorités peuvent vérifier les événements sanitaires et collaborer aux enquêtes avec des experts de tous les secteurs.

• Exemple de pays – Tanzanie continentale : La plateforme électronique de surveillance événementielle a été lancée à Ngorongoro, en Tanzanie, où l’on trouve une faune riche et variée à Arusha et dans le cratère, une merveille mondiale. Au cours de la première année, des centaines d’agents communautaires ont été formés et plus de 5 000 événements ont été signalés, la majorité d’entre eux étant liés à la faune locale. L’eEBS est devenu un modèle pour les ministères de la santé, de l’agriculture, de l’élevage et de l’environnement, qui souhaitent mettre en place une plateforme intersectorielle nationale pour la surveillance des événements, en coordination avec le bureau national « One Health ». Regardez une présentation

Partage de données intersectorielles

Utillisation de DHIS2 pour renforcer la coordination de One Health et le partage des données entre les ministères de la santé, de l’agriculture et de l’élevage et de l’environnement. De nombreux pays ont mis en place des bureaux « One Health » habilités à demander des informations aux différents ministères et à promouvoir le partage. Des fonctions d’interopérabilité robustes permettent l’échange de données entre plusieurs instances de DHIS2, ainsi qu’avec d’autres systèmes utilisés dans les pays.

• Exemple de pays – Burkina Faso : Au Burkina Faso, les projets financés par l’USAID à travers l’évaluation MEASURE et le programme CHISU (Country Health Information Systems and Data Use) ont soutenu les systèmes DHIS2 au sein des Ministères ayant leur propre autonomie et mandat pour la collecte et la gestion des données : Ministère de la Santé (MoH), Ministère de l’Elevage et de la Pêche (MRAH), et Ministère de l’Environnement (MEEVCC). En s’appuyant sur l’architecture flexible de DHIS2, une quatrième instance de DHIS2 a été créée sous l’égide de One Health afin d’intégrer les données de ces ministères en vue d’un partage et d’une utilisation intersectorielle. En savoir plus

Améliorer l’accès mondial aux menaces sanitaires signalées localement

Les menaces sanitaires ne s’arrêtent pas aux frontières nationales. Les plateformes qui permettent de partager des informations avec les partenaires quadripartites mondiaux de One Health et avec d’autres pays sont essentielles pour permettre la détection précoce, la préparation et la réponse aux menaces émergentes. En étroite collaboration avec l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), les outils du DHIS2 permettent de collecter des données au niveau des communautés et des pays sur les menaces pesant sur la santé animale, qui seront ensuite communiquées et partagées avec les partenaires mondiaux. Une application DHIS2 développée en partenariat avec le HISP Afrique de l’Ouest et du Centre permet de signaler de manière transparente les événements de santé animale vérifiés et préoccupants au système mondial d’alerte rapide de la FAO, Empres-i. L’application Saisie de données a été testée sur le terrain en RDC pour éliminer la nécessité d’une saisie manuelle parallèle des données par les agents de santé animale dans le district de Kong, et est en train d’être étendue à d’autres pays comme la Guinée qui sont des utilisateurs actifs d’Empres-i.

Résistance aux antimicrobiens (AMR)

La résistance aux antimicrobiens (RAM) se produit lorsque des germes tels que les bactéries et les parasites deviennent résistants aux médicaments conçus pour les tuer, et continuent à se développer et à se propager. Le DHIS2 est exploité comme plateforme de collecte et d’analyse des données de laboratoire pour surveiller la résistance aux antimicrobiens. Dans certains pays comme le Rwanda, les données sur la RAM sont intégrées dans DHIS2 dans le cadre d’une plateforme nationale One Health DHIS2, au même titre que les données sur la faune sauvage et les animaux domestiques et les conditions de santé publique à notifier.

Le Conseil indien de la recherche médicale (ICMR) s’est associé à HISP India pour développer une nouvelle application DHIS2 pour le suivi des échantillons de laboratoire et l’analyse des résultats de laboratoire dans les hôpitaux et les collèges médicaux en Inde. Les outils d’interopérabilité et les ensembles de données standard développés par l’OMS permettent également une intégration transparente des données provenant de WHONETLe système de données de laboratoire, conçu par l’OMS et le Brigham and Women’s Hospital (Boston, États-Unis), partenaire du centre de collaboration, pour faciliter la gestion des données de laboratoire de microbiologie, a été intégré au DHIS2 afin d’en améliorer l’analyse et l’utilisation dans des pays tels que le Bangladesh. Les outils d’interopérabilité permettent également de relier les données sur la résistance aux antimicrobiens collectées dans le DHIS2 au système mondial de surveillance de la résistance et de l’utilisation des antimicrobiens(GLASS) de l’OMS.

Données sur l’agriculture, l’environnement et le climat

Les activités humaines telles que le commerce des animaux, l’agriculture, l’élevage, l’urbanisation, le changement climatique, la fragmentation de l’habitat et l’empiètement sur les zones sauvages peuvent stresser les écosystèmes et créer de nouvelles opportunités pour l’émergence de maladies infectieuses. Les facteurs climatiques affectent les populations de vecteurs comme les moustiques, qui à leur tour peuvent augmenter le risque de maladies comme le paludisme, la dengue et le virus du Nil occidental. Les facteurs environnementaux et climatiques sont également étroitement liés à l’agriculture, à la production et à la sécurité alimentaires et peuvent, en fin de compte, avoir une incidence sur les résultats nutritionnels.

• Exemple de pays – Malawi : Le ministère de l’agriculture a mis-en-œvre un système national d’information sur la gestion agricole (NAMIS) en utilisant la plateforme DHIS2 qui intègre des données sur les événements météorologiques et climatiques, des évaluations de la situation alimentaire des ménages et des estimations de la production agricole afin d’améliorer la sécurité alimentaire et la productivité agricole, et de soutenir l’alerte précoce et la réponse aux événements météorologiques extrêmes. En savoir plus