Utillisation innovante de DHIS2 pour améliorer la qualité de l’éducation en favorisant l’équité et l’inclusion en Gambie

En Gambie, le gouvernement s’est engagé dans une mission visant à améliorer la qualité de l’éducation en se concentrant sur l’éducation de base et l’éducation secondaire. Et ce, dans un contexte de faibles taux d’inscription et de forts taux d’abandon. À partir de 2018, le ministère de l’Éducation de base et secondaire (MoBSE) a mis-en-œvre un système d’information sur la gestion de l’éducation (EMIS) en utilisant DHIS2 pour faciliter la prise de décision fondée sur les données dans le domaine de l’éducation.

L’objectif sous-jacent du système EMIS en Gambie est d’aider le MoBSE à réaliser des interventions ciblées dans le domaine de l’éducation, à mener une planification efficace pour les apprenants ayant des besoins spéciaux et à mesurer des indicateurs pour l’établissement de rapports, la gestion et la coordination. À cette fin, plusieurs fonctionnalités innovantes ont été mises-en-œvre dans le SIGE basé sur DHIS2 pour aider la Gambie à atteindre les objectifs de son plan stratégique pour le secteur de l’éducation à l’horizon 2030, notamment le bulletin scolaire, l’utilisation de données sur les besoins spéciaux et le suivi en temps réel d’indicateurs essentiels. Le projet soutient également ces objectifs en facilitant l’utilisation des données socio-économiques pour répondre aux besoins en matière d’éducation et la recherche collaborative pour améliorer l’utilisation des données dans l’éducation à tous les niveaux.

Ce travail a déjà porté ses fruits. Depuis le lancement initial de son système DHIS2, le Ministère de l’éducation et de la science a commencé à passer des données agrégées au suivi des données individuelles afin de soutenir davantage une éducation équitable, inclusive et de qualité pour tous. Un identifiant unique lancé en janvier 2020 a été utilisé pour saisir plus de 300 000 élèves dans le système basé sur le Tracker DHIS2. Par ailleurs, une application SMS de suivi quotidien de la présence des enseignants a été mise-en-œvre pour répondre aux préoccupations concernant l’absentéisme des enseignants, tandis que le bulletin scolaire a été numérisé, ce qui permet de décentraliser l’accès et d’économiser des ressources. Jusqu’à présent, les données nationales montrent une réduction de 49 % du nombre d’enfants non scolarisés en Gambie entre 2014 et 2020. Pour les filles, le taux a été réduit de 74% au cours de la même période.

L’éducation en Gambie : Planifier pour l’efficacité, l’équité et l’accessibilité

La Gambie reconnaît le rôle de l’éducation dans le développement national et accorde la priorité à son amélioration depuis de nombreuses années. Dans sa politique Vision 2020 adoptée avant le tournant du millénaire, la Gambie a donné la priorité aux soins de santé, à l’éducation et à d’autres services sociaux afin de stimuler le développement du capital humain dans le pays d’ici à 2020. Cependant, une étude menée par le ministère gambien de l’éducation de base et secondaire (MoBSE) en 2013 a révélé que les facteurs les plus souvent cités comme causes du taux élevé de non-scolarisation étaient le coût de l’accès (46 %) et la distance à parcourir pour se rendre à l’école (15 %). Les coûts comprennent les cotisations scolaires informelles et les frais de participation tels que les uniformes et les accessoires, ainsi que le déjeuner.

En réponse à ces défis, le gouvernement a mis-en-œvre une suppression progressive des frais de scolarité dans les écoles primaires et secondaires afin de favoriser la gratuité de l’éducation de base dans tout le pays entre 2013 et 2015. L’objectif était de s’attaquer à certains problèmes fondamentaux tels que les taux de scolarisation, d’achèvement et d’abandon de l’enseignement de base, qui sont liés au développement de la petite enfance (DPE). S’appuyant sur cette Vision, le gouvernement a élaboré le Plan stratégique du secteur de l’éducation 2016 – 2030 sur le thème « Une éducation de qualité accessible, équitable et inclusive pour le développement durable« , en alignement avec les Objectifs de développement durable 4 (ODD4) des Nations unies. Cette politique a codifié les objectifs spécifiques de la Gambie en matière d’éducation, notamment le financement efficace, l’accès équitable et l’amélioration de l’efficacité.

Bien que les gains de la politique aient été notables, des efforts supplémentaires ont été nécessaires pour atteindre les objectifs fixés dans des domaines tels que la mesure des intrants et des extrants, la distribution équitable du matériel d’apprentissage et l’allocation ciblée des ressources. Pour atteindre les objectifs de la politique éducative, la Gambie est passée du système traditionnel d’information sur la gestion de l’éducation (EMIS) basé sur le papier à un système numérique utilisant la plateforme DHIS2 pour tirer parti de données précises et parvenir à une éducation équitable, inclusive et de qualité. L’utillisation de DHIS2 a été retenue en raison de sa facilité de configuration, de sa polyvalence et des capacités locales existantes tirées de son utilisation dans le secteur des soins de santé gambien depuis 2009. Ce projet a été réalisé dans le cadre d’un projet pilote DHIS2 pour l’éducation dans plusieurs pays, coordonné par le Centre HISP de l’Université d’Oslo et mis-en-œvre par le réseau HISP, avec le soutien financier de GPE-KIX et de Norad.

Transition vers un SIGE numérique en Gambie : Un cas de coopération inter-agences, de renforcement des capacités et de culture de l’utilisation des données.

La transition vers le SIGE numérique basé sur la plateforme DHIS2 est le fruit d’une vaste coopération entre les ministères, les agences, les ONG et les partenaires de développement tels que l’UNESCO, ainsi que du soutien à la mise-en-œvre de l’Agence européenne pour la sécurité et la santé. Réseau HISP. Le processus a débuté en 2018 avec un aperçu des modalités de mise-en-œvre d’un SIGE robuste et efficace qui soutiendrait les objectifs de l’ODD4. Le plan détaillait également le paramétrage de la plateforme DHIS2 afin d’assurer une collecte et une utilisation efficaces des données. Par la suite, des programmes de renforcement des capacités sur les modules EMIS ont été menés pour l’équipe principale au sein du MoBSE. Elle a été suivie d’un recensement de tous les apprenants du pays, organisé en collaboration avec le Bureau gambien des statistiques (GBoS), en commençant par un projet pilote dans 200 écoles afin de collecter des données individuelles sur tous les enfants et adolescents fréquentant les écoles primaires du pays. Les données, qui sont stockées dans le DHIS2, ont fourni des informations utilisées pour la planification et la gestion de l’éducation.

L’objectif sous-jacent du MoBSE est d’utiliser les données de l’EMIS pour les objectifs suivants :

1. Interventions ciblées. Le financement est un facteur majeur qui affecte l’éducation en Gambie. Par exemple, en 2020, la Gambie a consacré 2,8 % de son PIB de 1,9 milliard de dollars à l’éducation, soit moins que le minimum de 4 % recommandé par l’ODD 4. Cela implique la nécessité d’une plus grande efficacité dans le financement de l’éducation publique en ciblant les besoins les plus essentiels. À cet égard, le ministère gambien de l’économie et des finances a mis en place un mécanisme de financement axé sur les besoins et les performances dans le cadre du programme SIG, afin d’orienter les fonds disponibles vers un impact maximal. Le ministère utilise les données du SIGE pour collecter et analyser des indicateurs qui facilitent les interventions telles que le développement des infrastructures, y compris les rampes d’accès et les aides à l’apprentissage pour les écoles ayant des besoins spéciaux.
2. Planification des besoins éducatifs spéciaux. Le MoBSE a mis en place des systèmes pour aider les étudiants individuellement en fonction de leurs besoins spécifiques. Dans ce système, du personnel scolaire spécialement formé (équipes de points focaux pour les besoins spéciaux) se rend dans les écoles pour évaluer les capacités des apprenants et concevoir des plans d’éducation paramétrés en fonction de leurs besoins spécifiques. L’outil de dépistage a été adapté au module de fonctionnement de l’enfant du GT/UNICEF. Si nécessaire, comme l’indique l’évaluation, les élèves ont des besoins d’apprentissage supplémentaires et sont évalués afin de déterminer le meilleur soutien possible. Auparavant, les données collectées à l’aide de cet outil étaient agrégées pour être utilisées dans la planification. Cela a entraîné la perte de données individualisées qui auraient pu être utilisées pour planifier des interventions au niveau individuel. Désormais, le SIGE basé sur le DHIS2 permet d’accéder, d’analyser et de visualiser facilement les données individuelles de chaque écolier, facilitant ainsi un soutien éducatif personnalisé de la part du MoBSE.
3. Mesure des indicateurs essentiels. L’éducation, qui est un secteur prioritaire pour le gouvernement de la Gambie, est alignée sur les objectifs de l’ODD 4 qui est d' »assurer une éducation inclusive et équitable de qualité et promouvoir les possibilités d’apprentissage tout au long de la vie pour tous ». Le SIGE numérique aide le MoBSE à suivre et à communiquer les indicateurs qui permettent de planifier et de corriger la trajectoire de manière efficace. Parmi les indicateurs suivis figurent les taux de scolarisation, d’achèvement et d’abandon des études, le nombre d’enfants non scolarisés, leur répartition et les indicateurs correspondants.

Depuis la réussite de la mise-en-œvre pilote du SIGE numérique en Gambie, les efforts se sont poursuivis pour étendre le système à toutes les écoles primaires et secondaires du pays, avec des programmes de renforcement des capacités menés aux niveaux national et régional. En outre, les caractéristiques innovantes du SIGE développées en partenariat avec le HISP WCA et d’autres partenaires dans le cadre du projet Data Use Innovations financé par le GPE KIX visent à améliorer la culture de l’utilisation des données dans le secteur de l’éducation en Gambie.

Innovations dans le système EMIS DHIS2 gambien : Exploiter les données pour un suivi, une évaluation, un soutien à la gestion et un partage des connaissances efficaces

Le SIME gambien a été principalement conçu pour faciliter la collecte et l’utilisation de données granulaires pour la planification et la gestion de l’éducation de base. Par conséquent, les équipes WCA et UiO du HISP ont collaboré avec le MoBSE pour mettre-en-œvre des fonctionnalités du SIGE DHIS2 qui soutiennent une collecte de données efficace et promeuvent une culture de l’utilisation des données dans le système d’éducation de base gambien. Parmi ces innovations figurent le bulletin scolaire (SRC) et le système de contrôle quotidien de la présence des enseignants.

Bulletin scolaire. Le CRS donne une image des performances de l’école et permet de comparer les performances de chaque école à des paramètres spécifiques. L’objectif du CRS est de favoriser l’engagement des acteurs concernés et de la communauté dans la gestion des écoles par le biais du partage d’informations, du dialogue politique et d’une communication fondée sur les données. Ces bulletins sont accessibles aux administrateurs scolaires qui les utilisent pour soutenir la planification et la budgétisation de l’école, mesurer l’impact de programmes tels que le programme d’alimentation scolaire et le SIG, renforçant ainsi la responsabilité et la transparence. Le CRS permet en outre aux parents et aux acteurs concernés de s’impliquer dans les performances des écoles et de fournir un retour d’information utile aux administrateurs. Cela encourage également l’évaluation par les pairs et une saine concurrence entre les écoles, ce qui permet d’améliorer la qualité de l’enseignement dans tous les domaines. En outre, le CRS fournit une base de discussion lors des réunions annuelles de suivi des performances des écoles (SPMM), au cours desquelles les acteurs concernés du ministère, de la société civile et des partenaires de développement examinent chaque école et apportent leur contribution à l’amélioration de la qualité de l’éducation.

Contrôle quotidien de l’assiduité des enseignants. Selon un rapport de l’UNICEF datant de janvier 2022, le taux d’absentéisme des enseignants du primaire en Gambie est de 14 % par semaine. Le rapport indique également que 11 % des enseignants du primaire arrivent en retard ou partent en avance chaque semaine. Cela constitue un défi pour l’amélioration de la qualité de l’éducation et retarde les efforts visant à atteindre les objectifs nationaux de développement de l’éducation. Le système de présence des enseignants intégré au SIGE permet de rendre compte de la présence des enseignants à l’aide d’appareils mobiles. Les rapports peuvent également être envoyés à l’instance DHIS2 aux niveaux régional et national à l’aide de SMS structurés lorsqu’un smartphone/tablette ou une connectivité internet n’est pas disponible.

Recherche collaborative et partage des connaissances. La collaboration entre le MoBSE et ses partenaires, notamment l’Université d’Oslo (UiO), l’Université de Gambie et les groupes HISP pour la recherche et le partage des connaissances, constitue une opportunité remarquable dont le projet EMIS gambien tire parti. Dans le cadre de l’initiative Education for Data Use (EDU) du département d’informatique de l’UiO, qui dirige les efforts de recherche, des chercheurs et des étudiants des universités et des partenaires de mise-en-œvre collaborent pour trouver des réponses aux questions qui améliorent l’utilisation décentralisée de l’information sur l’éducation basée sur des normes de données internationales. Le groupe continue également à travailler avec le ministère de l’éducation et de la science pour identifier les meilleures pratiques en matière d’utilisation des données sur l’éducation à tous les niveaux. En collaborant avec les groupes HISP en Ouganda, en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale, le consortium de partenaires de recherche et de mise-en-œvre facilite le partage des connaissances dans de nombreux pays et contribue à renforcer la qualité et l’équité de l’éducation grâce à un accès décentralisé à des données exploitables sur l’éducation et à la promotion des meilleures pratiques.

Une vue d’ensemble : Construire un système de données à l’échelle du continent pour l’amélioration de l’éducation en Afrique par la coopération, l’examen par les pairs et les partenariats

L’éducation en Afrique a connu des progrès significatifs, la scolarisation dans l’enseignement de base atteignant un niveau record de 80 % sur l’ensemble du continent en 2022. Néanmoins, de nombreuses réformes sont encore nécessaires pour atteindre les objectifs de l’ODD 4 dans chaque pays. Les défis actuels de l’éducation sur le continent comprennent le nombre élevé d’enfants non scolarisés, les taux élevés d’abandon scolaire, la mauvaise qualité de l’éducation et le manque d’équité dans l’accès à l’éducation, en particulier pour les filles. Les pays du continent ont pris des mesures pour améliorer les résultats scolaires en augmentant le financement, en forgeant des partenariats et en mettant en œuvre des réformes. L’une des réformes qui gagne du terrain sur le continent est l’implantation de SIGE numériques afin d’améliorer la collecte de données et leur utilisation pour la planification.

La Gambie est devenue une référence pour la mise-en-œvre du SIGE basé sur le DHIS2 sur le continent. L’Académie DHIS2 pour l’éducation 2022 à Banjul – à laquelle ont participé des ministères, l’Association pour le développement de l’éducation en Afrique (ADEA), l’Institut panafricain de l’Union africaine pour l’éducation au service du développement (UA-IPED), l’UNESCO, le Norad, le Partenariat mondial pour l’éducation (GPE), l’UNESCO, l’UNICEF, d’autres ONG et des groupes du HISP – a permis de renforcer la coopération entre les partenaires du développement, comme en témoignent le communiqué commun signé par tous les participants. Cette déclaration reconnaît l’importance des données pour favoriser la formulation de politiques, la planification et le suivi et l’évaluation fondés sur des données probantes, et engage les participants à promouvoir l’adoption à l’échelle du continent du DHIS2 pour les EMIS numériques.

Suite à l’Académie de Banjul, l’UA-IPED mène des discussions sur la possibilité d’adopter DHIS2 comme plateforme d’un EMIS continental. Cette décision repose sur les capacités du DHIS2 à prendre en charge l’utilisation de données à plusieurs niveaux, sur sa facilité d’intégration et sur les capacités techniques existantes dans de nombreux pays du continent qui utilisent la plateforme dans le domaine des soins de santé depuis de nombreuses années.

En outre, le réseau HISP à travers l’Afrique joue un rôle essentiel en facilitant une plus grande collaboration entre les pays qui mettent-en-œvre les EMIS grâce au transfert de connaissances et à l’assistance technique. Une plateforme standard unifiée favoriserait également l’examen par les pairs, comme cela a été démontré en Gambie et en Ouganda, où les caractéristiques du SIME et les exemples d’utilisation des données inspirent les nouvelles mises-en-œvre nationales, ce qui témoigne d’une coopération et d’un partage d’informations croissants. L’adoption accrue des systèmes EMIS basés sur DHIS2 a connu plusieurs succès, notamment de nouvelles mises-en-œvre au Mozambique, au Togo et à eSwatini.

Pour en savoir plus sur l’utilisation de DHIS2 en tant que SIGE numérique, consultez le
DHIS2 pour l’éducation.